LA FRATERNITÉ CHEZ LES CHRÉTIENS

Conférence de Michel Dagras – Narthex novembre 2015

 

 

 

 

 

En regardant à l’entrée tous les bouquins qui vous sont proposés,  je me demande ce que je fais ici. Vous avez tout, dans ce qui est présenté là-dedans, et de façon excellente. Mais enfin, il faut que je justifie ma présence, donc je vais tout de même parler !

 

  Jésus a dit : « Je suis la vérité », mais aussi « le chemin ». Le chemin. Et la révélation à laquelle nous sommes soumis comme des gens qui reçoivent un cadeau, est une révélation qui se déroule tout le long d’un chemin. Avec la révélation du Christ, le chemin n’est pas terminé : « Je suis avec vous (le chemin) jusqu’à la fin des siècles ». Ce qui, au passage, nous évite de nous considérer comme une religion du livre. Nous sommes plutôt une religion de la bibliothèque où, au fur et à mesure des étapes du chemin parcouru, un certain nombre de rédactions reprennent ce qui a été ainsi annoncé et permet de baliser, de jalonner ce chemin. Et pour la conférence de ce soir, « Les chrétiens et la fraternité », je crois que, plus que jamais, le regard sur ce chemin s’impose et un retour vers les sources les plus lointaines sur la fraternité est nécessaire. Je voudrais commencer par ça. Et puis dans la foulée de cette première série d’observations, nous pourrons nous poser la question suivante : La fraternité est pour un chrétien, un judéo-chrétien inscrite dans une anthropologie, dans un certain sens de l’homme,  mais quelle est donc cette anthropologie ? L’anthropologie de la fraternité, on peut l’appeler ainsi. Ce sera notre deuxième étape du parcours, puis nous en ferons une troisième en regardant de plus près ce que les Evangiles nous disent à ce propos. Et nous terminerons en essayant de voir des perspectives les plus concrètes possibles pour nous-mêmes. Non pas comme quelqu’un qui ferait le sot en disant « il faut qu’on… y’a qu’à… vous allez voir…», mais comme nous tous, moi le premier, nous sommes en présence de quelques spots lumineux pour éclairer notre route. A charge pour chacun de les prendre en compte.

 

Quand l’Ecriture  nous parle-t-elle pour la première fois de la fraternité ? Ce n’est pas très encourageant car c’est l’épisode où Caïn trucide Abel. Belle révélation sur la fraternité ! Mais on ne peut pas considérer ça comme une espèce d’épiphénomène. Nous sommes dans un moment de la Révélation ou une manière de la Révélation qui compte dire l’essentiel, le fondamental. Par exemple que l’homme est créé à l’image de Dieu, que cette humanité ne se résume pas à un individu silhouetté dans la glaise sur laquelle le souffle de Dieu est passé, mais dans une opération tout-à-fait curieuse si on ramène ça au premier degré. Il y a très vite Eve qui arrive : Eve, la vie. On assiste à une espèce d’anesthésie générale, une côte prélevée… Dieu, qui est capable de tout, fait avec une côtelette une belle femme ! Nous avons donc le couple au départ. Non pas Adam tout seul, mais le couple au départ. D’ailleurs le problème du couple, excusez-moi, mesdames, ça vient quand même de Eve. Pour bien montrer que l’Ecriture n’est pas misogyne, alors que c’est elle qui a tout fait (le serpent, la pomme…), on appelle ça le péché d’Adam. Un comble ! C’est pour souligner cette unité fondamentale de l’être humain, malgré ou avec la séparation sexuelle. « Secare », couper : c’est la différence fondamentale inscrite au cœur de l’être humain. Et puis viennent les gamins, Caïn et Abel. Au commencement était la famille. Cela doit être très important, ce commencement, pour considérer le travail du récent synode, et tout ce qu’en fera le pape François avec la lettre apostolique que nous attendons. Donc il y a discours, révélation sur la fraternité au début. Que nous est-il dit dans le premier témoignage sur la fraternité ? C’est que cela ne va pas de soi. La fraternité n’est pas un long fleuve tranquille. La fraternité n’est pas une espèce de tartine de sentimentalisme qui passe sur les êtres de la famille. Non, il y a une différence, et violente. Si l’on se rappelle le déroulé de cette quatrième page de la Genèse au chapitre 4 : Caïn fait une offrande, nous dit la Genèse au verset 3, et il offre des produits de la terre. Abel fait son offrande à son tour, mais lui, il offre le premier-né du troupeau. D’un côté une offrande un peu… c’est pas mal des légumes et des fruits… mais enfin, un animal, c’est beaucoup plus vivant et l’on comprend que Dieu préfère l’agneau aux végétaux. Caïn n’est pas content du tout. Il est irrité, il prend l’air sombre, s’attriste. Il est question du mal « comme une bête tapie, qui te convoite », dira Dieu quand il s’adresse à lui. « Pourquoi es-tu irrité, pourquoi es-tu sombre ? » Et Caïn tue Abel. Dieu continue toujours avec cette méthode de questions que l’on va trouver tout au long de l’Ecriture et en particulier dans l’Evangile (pensons aux disciples d’Emmaüs et à tant d’autres passages) : « Où est ton frère ? » « Je ne sais pas, suis-je son gardien ? » Il me semble que ces questions sont actuelles : je ne sais pas qui est mon frère, ou je n’ose pas le dire, ou le savoir, ou le reconnaître. Suis-je son gardien ? Faut-il que je m’en occupe ? Et Dieu pose encore une question : « Qu’as-tu fait ? Tu n’as pas considéré ton frère comme un proche, comme un être avec qui il faut partager ». Eh bien, la voilà, la première révélation sur la fraternité. La fraternité pour la Bible, dans ce discours des origines qui synthétise un message fondamental, essentiel : la fraternité, c’est une condition à risque, au risque de devenir fratricide. Rien que ça. Mais cette révélation est une révélation sur l’humanité. J’avais récemment dans mon courrier quelqu’un qui m’expliquait, en parlant de tous les malheurs du temps : « Mais c’est normal, on est ainsi. Depuis la nuit des temps, nous portons de la violence, et nous ne savons que l’exprimer ». Ici, nous avions quand même, au début, comme cela, dans ce texte fondamental, une révélation sur ce qu’est l’être humain. Rien de ce qui est humain ne saurait nous être étranger.  Il nous faut peut-être considérer cette difficulté radicale, inscrite au plus intime de nous-mêmes. Une humanité que Dieu prend à son compte et là, déjà la perspective chrétienne dans le sillage de l’Alliance se fait jour. Dieu se fait homme, totalement homme. Et s’il est sans péché, donc dépourvu de la violence (il faut ici quand même situer un épisode comme celui des vendeurs chassés du temple… il n’y est pas allé de main morte, apparemment…), si Dieu s’est fait totalement homme, prenant sur lui notre violence puisqu’il ne l’avait pas en lui, nous devons reconnaître que « rien de ce qui est vraiment humain ne trouve son écho dans notre cœur », ceci dit dans le premier paragraphe de la constitution « Gaudium et Spes », l’Eglise devant le monde, du Concile de Vatican II. Et le pape Jean-Paul II dans sa première encyclique dira (c’est le même sens, c’est le même fondement) : « L’homme est la route de l’Eglise ». Comment pourrions-nous nous tourner vers Dieu sans passer par l’homme, alors que Dieu s’est fait homme ? Et cela nous interroge tous sur notre façon de prier. Si nous levons la tête vers le ciel pour le faire, c’est comme si nous disions au Christ : « Tu t’es fait homme, mais j’ai trouvé un autre chemin, je vais tout droit vers le ciel. » Il y a là de quoi nous interroger. Et nous retrouvons avec cette sorte de principe premier une phrase de Térence, un siècle et demi avant J.C : « Je suis un homme, écrit-il. Je considère que rien de ce qui est humain ne m’est étranger. » Très bien. Nous sommes d’accord. Nous signons. Nous pouvons même considérer qu’il y a une sorte de bible avant la Bible, et qu’un certain nombre de traditions humaines sont convergentes par rapport à celles que nous appellerons un jour judéo-chrétiennes.

 

 

Mais le psaume 8 pose la question radicale : d’accord, une fraternité difficile, d’accord, un homme porteur de violence, et pas seulement, bien sûr. D’accord, un homme qui n’est pas simplement un individu, mais qui fait très vite famille. « Mais qu’est-ce que l’homme, que tu te souviennes de lui ? » Qu’est-ce que l’homme ? Alors là,  nous avons l’avantage d’avoir avec le Concile Vatican II, une présentation anthropologique un peu contestable dans sa déclinaison, mais qui reprend l’apport fondamental de la Bible et qui parle de l’homme en quelque sorte comme cette réalité autonome, faite par Dieu mais aussi pour lui (l’Alliance est la clé de voûte de toute cette révélation). Il y a là, dans la première partie de ce document, une présentation anthropologique très intéressante qui ressaisit en quelque sorte tous les travaux, toutes les réflexions, toutes les expériences vécues dans le mystère de l’Evangile. Que nous est-il dit d’abord ? (Encore une fois, je répète que l’ordre des facteurs peut être pris d’une autre façon). L’homme est un être créé à l’image de Dieu. Rien qu’avec cette affirmation, nous avons là un point de départ considérable et une lumière critique sur nombre de nos comportements qui peuvent conduire à cette réflexion, mais chaque fois qu’un homme est abimé, c’est une image pieuse profanée. C’est impossible de conserver une chose pareille… Image de Dieu, et cette image de Dieu est déjà une définition dépassée par l’Evangile, car non seulement nous sommes image, mais appelés à devenir Fils. Fils dans le Fils, écrira saint Paul. Devenir fils de Dieu. Insulter un homme, c’est insulter Dieu dans son Fils. Sacrilège ! Et ceci, dans l’Evangile, va s’appliquer à tout homme. Dans l’épître aux Galates, chapitre 3, verset 28 : « Il n’y a plus ni grec ni juif, ni homme ni femme… », tous sont des êtres humains, des personnes (qui vont se colorer hommes, femmes, juifs, païens, ou tout ce que vous voudrez), mais, dans le fond, il y a une sorte d’unité de genre humain, de fondement de la fraternité (puisque c’est le sujet) qui fait que chacun de nous, même si ces réalités sont profondément mêlées, même si ces composantes-là se trouvent bien souvent altérées, des sujets de conscience et de liberté. Il faut la révélation chrétienne pour arriver à cela. Ce n’est pas un point de vue universellement partagé de dire que les personnes humaines sont des sujets de conscience et de liberté. La liberté de conscience n’est pas partout…et elle peut même être proclamée dans des textes majeurs, elle n’est pas forcément respectée dans la pratique.

  On peut faire une équation : Conscience + Liberté = Responsabilité. La personne humaine est un être responsable. Si nous ne sommes pas conscient, nous sommes manipulés (ça arrive)… Si nous ne sommes pas libres, nous sommes obligés (ça arrive)… Si nous ne sommes ni conscients ni libres, alors là, c’est la totale… C’est l’Exploitation avec un E majuscule. Nous sommes créés image de Dieu, fils dans le Fils, responsables. Et justement à l’origine, dans ces textes fondateurs, dans ce mythe qui résume toute la foi biblique dans l’homme, on voit la responsabilité active. On décide d’être comme des Dieux, ou se soumettre à la tentation de le devenir. Donc des responsables, et des responsables quelles que soient la couleur de la peau, la nature, la civilisation, la culture, tout ce que vous voudrez…Que voit-on dans l’Evangile ? Qui rapplique d’abord auprès de Jésus ? (nous avançons vers Noël) Des bergers, des marginaux sociaux, des gens qui sentent mauvais, avec l’odeur des chèvres et des boucs sur eux. Ça ne se fréquente pas, ces gens-là… et puis, dans la foulée, arrivent des mages venus d’Orient (on en a fait des rois, c’est beaucoup plus confortable, mais dans l’Evangile vous ne trouverez jamais des roi mages. Des mages, des espèces de cartomanciens qui lisent dans les astres). Ces gens-là n’ont jamais ouvert la Bible. Ils suivent une étoile, leur étoile. Frères, tous frères, quelque soient ces différences, dès le début. Quand Luc écrit ces récits de l’enfance, il est dans la lumière de la Résurrection ; n’empêche, dans cette lumière on découvre cette grande vérité.

Il y a là des conséquences immédiates qui ne se discutent pas : un refus absolu du racisme : ce n’est pas possible, si l’on croit que tout homme est à l’image de Dieu. Refus absolu du racisme, ça ne veut pas dire négation du pluralisme culturel, au contraire celui-ci va devenir vite nécessaire. Un appel aussi, très concret, un appel à faire un discernement radical entre l’homme et ce qu’il dit ou ce qu’il fait. Quand je m’occupais un peu de formation permanente en entreprise,  où il s’agissait de gestion de conflits, c’était un point d’attention qui était remarqué, pris en compte : devant un travail qui n’est pas bien, on peut dire à l’opérateur : « tu travailles mal ». Là, on touche la personne : « tu », pronom personnel. Ou on peut dire : « le travail est mal fait », là, on touche l’œuvre, le travail. Vous me direz que parfois le distingo est difficile. Eh bien, oui, il faut le faire quand même. Il vaut mieux dire à quelqu’un : « ce que tu dis est faux » plutôt que de lui dire : « tu es un menteur ». Il y a là un principe de gestion des conflits, de rapports à la différence difficile à vivre qui est particulièrement précieux. La distinction entre la personne et ce qu’elle fait. Qui peut juger sinon Dieu ? « Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ». Et puis ce qui est dit est fait. Vous voyez aussitôt les conséquences actuelles pour les évènements qui sont là. La lutte contre un mal pour empêcher quiconque de nuire, fut-elle violente, doit faire quand même le partage entre un être humain et ce qu’il fait. On a une forme évangélique de dire la chose, c’est « aimez vos ennemis ». C’est sûr que les gens frémissent un peu quand, dans la liturgie de ces dimanches, on a fait prier (c’était mon cas) pour les morts et pour ceux qui les ont tués et qui sont morts aussi. Ce n’est pas facile d’être chrétien. Cet être humain, personnel, quelles que soient justement les caractéristiques qui le différencient, cet être humain se développe dans la diversité. Au commencement était la diversité. Elle est originelle. L’homme et la femme. Tous les problèmes qui se posent actuellement sur le genre devraient quand même être lus avec cette révélation initiale de la sexualisation. Non pas seulement la différence biologique, mais le fait, la signification latine du mot « secare ». qui signifie « séparer », Nous ne sommes, chacun de nous, et même ensemble, par exemple les hommes, que sur une partie de la planète humaine et l’autre nous est inaccessible. Je raconte volontiers l’histoire suivante (j’exagère, je suis Toulousain, on a droit à la galégeade) : j’étais prêtre pendant cinq ans aux Antilles. J’ai connu la dure condition du missionnaire à l’étranger, avec de belles plages de sable fin et des cocotiers… Ça faisait baver d’envie mes confrères. Je racontais qu’un jour, sur la plage après un bain, je vis entre les vagues une bouteille qui flottait et qui avait trainé dans l’eau depuis fort longtemps. Voyant qu’il y a quelque chose dedans, j’ouvre cette bouteille et sort de là un génie qui s’étire : « Il y avait trois siècles que j’étais là-dedans, tu m’as libéré (j’étais un peu esplanté), demande-moi ce que tu veux, je te l’accorde ». J’étais sur une île Marie-Galante, séparée du continent (la Guadeloupe) par un bras de mer très agité. Je lui dis « Petit génie, tu me fais une route entre Grand Bourg-Marie-Galante et Pointe-à-Pitre –Guadeloupe. » Il se rembrunit, me regarde « Mais tu me demandes quelque chose d’impossible ! Je suis Génie, mais une route sur la mer, je ne peux pas ! Demande-moi autre chose… n’importe quoi, mais pas la route… »   Je lui dis « Tu sais répondre aux questions difficiles ? » - « J’ai réponse à toutes les questions (j’ai cru tout un coup qu’il était théologien…) » - « Écoute, petit génie, peux-tu me dire ce qui se passe dans la tête d’une femme ? » Il me regarde, réfléchit et me dit : « Dis-donc, la route, tu la veux à deux voies ou à quatre voies ? » Si jamais quelqu’un vous pose des questions sur la sexualisation, racontez-lui cette histoire… Cette différence originelle, on la trouve aussi dans la famille. Il faut attendre un peu pour trouver des dénominations, mais qui, en elles-mêmes, sont très intéressantes : il y a l’ainé, puis le cadet, et puis il y a le benjamin…j’arrête là la liste… Ça montre que chaque enfant est différent de l’autre. Vous avez des nigauds de parents dont vous êtes peut-être, qui disent : « On les a éduqués tous pareils,  et pourtant ils sont différents ». Quand le second est arrivé, il y avait le premier ; quand le premier est arrivé, il n’y avait pas le second… c’est déjà une différence considérable. Et puis, ce qui va encore accentuer les différences, c’est l’éducation, l’adaptation. Être frère, c’est simplement avoir son existence enracinée dans la même origine génitrice. Tout le reste après, ça se diversifie. Chacun pompe dans son environnement au sens immédiat du mot, mais aussi dans son environnement familial, social de toutes sortes, de multiples caractéristiques. Il les intègre, il se les approprie. Il devient tout cela mais, au fond de lui-même, il est quand même autre ; il y a cette espèce de creuset, de cœur au plus profond de nous-mêmes. Alors, on comprend Caïn et Abel. Ils étaient différents, et d’une différence tellement vive, tellement forte, qu’elle apparut à Caïn insupportable. Alors, cette volonté de supprimer la différence, de fabriquer une fraternité sur une base égalitariste (je n’ose pas dire égalitaire) va nous courir tout le temps dans l’esprit. On va voir un peuple se constituer : le peuple d’Israël. Voilà Israël, les autres, c’est les ennemis, il faut leur taper dessus. On va devoir attendre le prophétisme pour entendre : ça craque tout ça. Jérusalem, c’est une ville à douze portes (et plus il y a de portes dans un mur, moins c’est un mur), et douze, c’est un chiffre parfait, et Jérusalem va devenir le carrefour des nations. Donc une ouverture qui consiste à dire : quelles que soient vos différences, vous êtes de la même famille. Et vous avez eu ici le récit de Babel. On présente toujours Babel comme une punition. Non, Dieu ne punit pas. Dieu reconstruit. Il a fait des gens différents, et voilà les gens qui s’associent pour être le même et en plus devenir comme Dieu, arriver aux vannes du déluge pour pouvoir maitriser les flots et ne plus être victimes d’une espèce de colère divine : Dieu qui disperse. Moi, j’ai fait des êtres différents : Adam, Eve, les enfants, Caïn, Abel, chacun sa langue, sous-entendu deux choses : la première, Dieu ne fait pas des clones ; la deuxième chose à remarquer, c’est que pour communiquer avec l’autre, il faut apprendre sa langue, sortir de soi, être à l’écoute et, lorsque la réciprocité est établie, la communication est bonne et enrichissante. Donc Babel est une prophétie de la Pentecôte. C’est la reconstitution de l’humanité telle que Dieu la veut, et l’humilité de chacun qui n’a qu’une portion du gâteau a besoin de l’autre pour avoir le complément. Et ensemble, continuons en nous enrichissant mutuellement à avancer sur la route du Salut.    

Donc on voit, et on va le voir ensuite avec le Nouveau Testament, le refus de l’étranger, une xénophobie chronique, rémanente, dans les premières étapes de l‘histoire dite « sainte ». « Je le purifierai de tout étranger », dit Dieu à son peuple, (il fait un grand nettoyage). « Voici le rituel de la Pâque, aucun étranger n’en mangera. » « Tu pourras contraindre l’étranger ». A la rigueur, on dit « tu prêteras à intérêt à l’étranger » (entre eux, ils ne se prêtaient pas à intérêt, c’était quand même assez sympathique, pour que le taux d’intérêt soit à zéro.).

Et puis le temps passe, le chemin continue, l’Alliance se perfectionne. On passe des sacrifices d’animaux à ces sacrifices moraux : «  J’en ai marre de vous, de vos holocaustes,  le fumée me dégoûte, dit Yahvé sous la plume d’Isaïe. Plaidez pour la veuve, secourez l’orphelin. » Alors notre distance, avec le péché même énorme, elle sera comblée. A ce moment-là, on va entendre des paroles comme ceci : « Tu ne molesteras pas l’étranger, vous aimerez l’immigré, tu l’aimeras comme toi-même », dans le livre du Lévitique ; une parole à propos de l’immigré, du frère différent, oh ! combien différent, du frère étrange, étranger.

 

Le commandement, le deuxième commandement : « Tu aimeras ton frère comme toi-même » ici : « Tu aimeras l‘étranger comme toi-même », l’immigré, c’est fabuleux,. Alors, quand même, pour que ce soit très concret, qu’on n’aille pas rêver l’impossible, il est dit : « Mais souviens-toi de toi-même, tu as été un étranger, en Egypte » ; les Egyptiens, le rapport fraternel avec les Egyptiens, on demande à voir. Quoique, à l’époque où ils étaient sous la férule des Pharaons, il y a quand même eu une grève très intéressante : ce sont les sages-femmes qui ont refusé de liquider les premiers-nés d’Israël, et Moïse s’en est sorti de la sorte. Il y avait quand même des zestes, des traces, des braises de fraternité là-dedans. Et puis, dans le courant prophétique, on dira, dans cette grande ouverture où les fermetures du peuple de Dieu sont complètement cassées : « L’autel de Yahvé sera construit en Egypte », pas à Jérusalem, en Egypte. C’est dans Isaïe que l’on trouve tout ça. Donc cette différence irréductible, voulue par Dieu, n’est pas construction de murs et de barbelés, mais principe de communication et d’enrichissement mutuel. Voilà ce que nous dit, déjà, l’Ancien Testament.

 

Donc, nous avons (ça, c’est dans les deux premiers chapitres de Lumen Gentium), la personne humaine, conscience et liberté, et la communauté humaine ; nous existons, nous émanons tous d’une communauté. La langue que je parle, je ne l’ai pas choisie ; l’accent que j’ai non plus, et pourtant, j’en suis fier et j’y tiens, c’est idiot, je n’y suis pour rien. Je suis un homme, je trouve ça pas mal, mais je n’y suis pour rien ; je suis un vieux, je trouve ça moins bien, mais je n’y suis pour rien. Donc il serait intéressant d’inverser, ce que je fais, cette présentation un peu noble de l’espèce et de dire que, dans  le concret, ce n’est pas d’abord la personne humaine puis la communauté, ça, c’est tout à fait pédagogique, puisqu’on s’est tellement centrés sur la  personne humaine qu’il a fallu ouvrir et dire : la communauté, ça existe. Le « personnalisme communautaire » commence toujours avec le mot « personnalisme », c’est significatif. Dans le réel, le concret au début est la communauté, au début est la famille.

Après il y a un troisième chapitre sur l’activité humaine ; pour le moment, ça ne nous concerne pas immédiatement quoique, il est dit que, pour s’entendre, les hommes devraient construire un tour ensemble : c’est Saint-Exupéry qui disait ça.

 

            Alors essayons d’ouvrir le dossier des perspectives chrétiennes : les chrétiens et la fraternité. Les chrétiens ne gomment pas l’Ancien Testament. Nous avons une source, les prémices de l’Alliance, qui se réalise dans le le Christ, une révélation sur l’homme qui est incontournable. Quand vous priez dites : « Notre Père ». Notre Père, cela veut dire que nous sommes tous frères. Tous frères, ça veut dire que nous avons à nous considérer tous comme ayant la même origine, et si nous ne nous entendons pas, ce n’est pas étrange. Caïn et Abel ne s’entendaient pas. Et puis, dans toute l’histoire d’Israël, il y avait de la bataille, de la guerre, il y avait des difficultés de toutes sortes. Donc la différence, l’opposition, la tension, fait partie de cette fraternité chrétienne. « Le Père du ciel fait lever le soleil sur les bons et sur les méchants. » Ces différences que nous faisons entre nous, elles existent, Il les désire. C’est Lui qui les a créées ; c’est une condition de communication et de sortie de soi remarquable, c’est faire au niveau humain l’expérience symbolique que nous avons à faire avec Dieu qui est tout Autre. Mais enfin, nous sommes fondamentalement tous frères. Là, il faudrait prendre des exemples plus précis dans l’Ecriture, dans le Nouveau Testament et les rappeler. C’est au chapitre 10 des Actes des Apôtres que Dieu ne fait exception de personne. Traduction : Dieu prend tous les gens comme ils sont. Il considère chacun comme un être humain ou sujet personnel doué de conscience et de liberté. Mais les malheurs du temps et les effets négatifs écrasent souvent tout cela. Ces principes évangéliques trouvent dans les Evangiles eux-mêmes un certain nombre de points de référence expérimentaux. Il y a ceux que l’on a déjà évoqué avec les mages et les bergers. Puis, Jésus, dans sa vie publique, qui accepte de communiquer avec des pharisiens, pourtant il dit du mal de ce qu’ils font ; et une phénicienne, une étrangère, qu’il cite en exemple, même dont il cite la foi en exemple ; le centurion, un officier des troupes d’occupation, des lépreux, des marginaux encore plus marginaux que ne l’étaient les bergers, des possédés… Enfin, il y a une ouverture. On sent une ouverture fraternelle, avec de la différence respectée, chacun retrouvant le plus profond de lui-même, étant sauvé de l’intérieur.

 

        Ces comportements sont exemplaires de la part du Christ. Ils ne le sont pas toujours de la part de l’Eglise initiale. Et pourtant, quand Jésus rassemble ses douze apôtres, il y a (St Matthieu au chapitre 10) la liste de ses apôtres. C’est intéressant, car dans la Bible, quand on dit le nom de quelqu’un, c’est sa carte d’identité. Le nom, c’est très important : « Ayant fait venir ses douze disciples, Jésus leur donna autorité sur les esprits impurs pour qu’ils les chassent et pour qu’ils guérissent toutes maladies et toutes infirmités. » Les voilà définis par l’action qu’ils ont à faire au nom du Christ. « Voici les noms des douze apôtres : le premier, Simon, que l’on appelle Pierre (celui-là, il l’a particulièrement bougé puisqu’il lui a changé le nom), et André, son frère. Jacques, fils de Zébédée et Jean son frère (ces fils de Zébédée, dans les Actes des Apôtres, avaient un statut un peu particulier : leur maman voulait les caser au paradis en bonne place si bien que les autres étaient en colère contre eux, quelle fraternité !), Philippe et Barthélémy (il y a des binômes, on sent qu’il y a du copinage…), Thomas et Matthieu, le collecteur d’impôt (Thomas le concret qui a besoin de toucher pour croire et Matthieu le collecteur d’impôt, mais sympa quand même), Jacques, fils d’Alphée et Thaddée (encore un binôme), Simon le Zélote et Judas Iscariote (les zélotes étaient des types qui voulaient remettre les Romains à la mer, les collecteurs d’impôts étaient des gens qui fricotaient avec les Romains, le zélote étant l’homme de main qui exécutait les contrats). » Beau monde ! Jésus a choisi du beau monde ! Un jour, pour faire saisir la réalité de cette diversité à un public de religieuses novices (des filles mignonnes comme tout…on se demande pourquoi elles sont là ! Remarquez avec le temps, ça s’arrange…), je leur dis : « Mes sœurs, imaginez Simon le zélote et Mathieu le publicain se rencontrant le soir au coin d’un bois. » J’en vois une dont je n’oublierai jamais le regard lumineux qui dit : « Oh, ils auraient récité le bréviaire … ». Ce qui est important, c’est que cette différence aigüe propre à la fraternité telle que la veut le Christ est inscrite dans l’institution même de l’Eglise, le groupe des apôtres. Et ça continue…vous savez qu’au Synode, ils n’étaient pas tous d’accord… au Concile non plus… dans les assemblées épiscopales près de chez vous à Lourdes… pareil… (il m’est arrivé deux fois d’être théologien dans cette assemblée… c’est une découverte, c’est intéressant…) Il y a un événement de l’Eglise primitive apostolique qui est assez remarquable sur cette question de la gestion de la fraternité. Les premières communautés sont juives. Jésus était un juif, tous ses apôtres étaient des juifs, sa maman était une juive, donc ceux qui suivent Jésus sont des juifs. Ça fait un peu secte juive… Et ne voilà-t-il pas que des gens qui ne sont pas juifs, des Grecs, frappent à la porte de la communauté en disant : « ça nous intéresse, on aimerait suivre ce Christ. » Alors là, vous avez la différence à l’intérieur de la fraternité. Il y a ceux qui disent : « Oui, d’accord, venez. » Sympas… « Nous sommes ouverts à tout le monde.  Jésus a versé son sang sur la croix pour tout le monde. » Et puis il y a ceux qui disent « Attention, attendez… Jésus était un juif, nous sommes des juifs, toute notre tradition vient de la tradition de l’Alliance, pour le peuple de Dieu, tous étaient des juifs, donc d’accord qu’ils viennent, mais qu’ils commencent par être juifs ». Ce qui voulait dire concrètement qu’ils se fassent circoncire. Eux n’avaient pas l’air d’accord. Cela a fait suffisamment de remue-ménage pour qu’ils se rassemblent à Jérusalem, Paul, Barnabé et, en face, André et quelques autres, pour discuter de la chose. C’est Luc qui raconte ça : St Luc, le propos feutré, celui qui pompait son information auprès des dames de la bonne société chrétienne. Un arrondisseur d’angles. Alors il présente cette assemblée de Jérusalem. C’est vraiment soft, comme on dirait aujourd’hui. Quoique, on sent de l’entourloupe là-dedans. Pierre commence à dire (lui, Pierre vient de loin, il a trahi Jésus, il est plein de commisération pour tout le monde, il voudrait que tout s’arrange) : « Allez, on ne va pas leur imposer ce que nous-mêmes on n’a pas réussi à tenir ». Et Jacques passe derrière : « Vous avez entendu ce qu’a dit Pierre ? » et puis il dit le contraire (c’est une méthode superbe : si vous voulez contredire quelqu’un dans une assemblée, vous dites : « Monsieur vous avez dit quelque chose de très important, tellement que je vais la répéter » ; et là vous dites le contraire.) Donc ils finissent par les accepter, avec des principes religieux tout à fait compréhensibles. On ne va pas prendre part aux sacrifices des idoles, bien sûr, parce que ça voudrait dire une convivialité avec des idoles, et on ne va pas manger de chair étouffée parce que, dans la chair étouffée, il y a le sang : le sang, c’est la vie, et la vie appartient à Dieu. N’allons pas fricoter avec le péché des origines. Nous, nous avons pris nos distances par rapport à ça, mais à l’époque… Il y a un épisode dans l’épître aux Galates qui est assez savoureux : Pierre fait sa tournée des popotes (sa tournée pastorale), se retrouve avec un groupe de païens et il mange comme les païens. Paul, sans le dire, trouve ça très bien. Arrive Jacques. Quand Pierre voit Jacques, il dit : « Non, non, j’en prends pas… » Paul qui le voit, se met en colère : « Comment ? Toi qui es juif, tu manges comme les païens et maintenant tu fais ceci ou cela… » On imagine Jacques qui arrive : « Quoi, qu’est-ce-qui se passe ? ». La catastrophe quoi… Ça ne baigne pas dans l’huile cette fraternité, c’est vécu, c’est difficile. Nous avons aussi de la plume de Paul (première épître aux Corinthiens, chap.12) : « Vous êtes tous tellement fraternels que cela fait un corps. Eh bien, si la main disait au pied (la main, le pied, il y a des ressemblances) : « je ne suis pas du corps »… et il pousse plus loin : si l’œil disait à l’oreille (entre un œil et une oreille, c’est avantageux, parce que cette image prise par Paul convient tout à fait aujourd’hui encore : les tissus de l’œil et celui de l’oreille, l’organisation et le fonctionnement de l’un et de l’autre n’ont rien à voir…) «  je ne suis pas du corps… » Oui, le même sang, la même vie, le même rattachement au cerveau, la même unité. La différence. Cette page de Paul est assez remarquable.    

 

Donc la fraternité universelle n’est pas de l’ordre d’une option morale, mais de l’ordre de l’existence même de l’Eglise, de l’ordre de l’existence-même de l’être chrétien. Vous vous souvenez : « Aimez vos ennemis », donc l’ennemi est un frère. La parole de Dieu ne nous dit pas : « Faites de vos ennemis des amis », parce que si jamais nous y arrivions, nous n’aurions plus d’ennemis à aimer. « Aimez vos ennemis », ça pose la question de savoir de ce que signifie aimer. Aimer, c’est rétablir de l’humanité, aider à sortir du mal, remettre d’aplomb, ressusciter, « relève-toi ». Il y aurait tout un travail à faire là-dessus. Alors, quelques corollaires : la Pentecôte, ce n’est pas simplement une méthode apostolique remarquable où l’on va se mettre à se faire entendre dans toutes les langues des uns et des autres. La Pentecôte a une assise ecclésiale. L’Eglise, dans sa réalité fraternelle fonctionne sur le mode pentecôtal. L’accueil de l’étranger qui est notre frère fait partie constitutive de l’être ecclésial. Si, dans une assemblée dominicale, quelqu’un lit la Parole avec un accent qui n’est pas de chez nous, en accrochant peut-être sur les mots, ça veut dire qu’il faudra l’entraîner à lire mieux, mais c’est un signe. Nous parlons toutes les langues dans la liturgie : il y a pas mal de français (encore), un peu de latin qui revient, le Sanctus, le Kyrie, c’est du grec, il y a de l’hébreux (Alleluia, Amen). Il y a de la Pentecôte dans la liturgie de l’Eucharistie qui est le creuset même de tout ce qui est l’Eglise, de tout ce qu’elle fait et de tout ce qu’elle a à faire.

 

Le Cardinal Ingoli, fondateur de la Congrégation de la Propagande (le mot n’avait pas alors le sens qu’il a aujourd’hui), fait en 1654 un règlement de missionnaires dans lequel il écrit (écoutons cela avec, dans le fond, « tous frères ») : « Vous n’avez pas à transporter là-bas dans ces régions la France, l’Italie, l’Espagne ou quelque région d’Europe ;c’est la Foi (tous frères), qui ne lèse ni les coutumes ni les liturgies pour autant qu’elles ne soient pas violemment opposées à l’Evangile. » Là, on se rend compte où est le fond de la fraternité qui, non seulement, tolère, mais désire la différence. Respectueuse, bien sûr. Le même cardinal, soit dit en passant, écrit : « Si jamais dans ces régions, vous voyez des jeunes qui peuvent devenir prêtres, ne les envoyez jamais à Rome, ils risqueraient d’attraper les mauvaises habitudes de la Curie (1654, une assise traditionnelle confortable). Eh bien, il existe des frères ennemis ; des frères. Pour conclure cette partie avant la conclusion générale, j’ai été frappé par l’épisode de cette prière, à l’invitation du pape François, où se trouvaient Mahmoud Abbas et Shimon Peres au Vatican (vous ne vous en souvenez peut-être pas). Vous avez là trois groupes : un groupe de juifs, un groupe de chrétiens et un groupe de musulmans. C’était œcuménique, interreligieux, oh ! combien ! Chaque groupe avait une structure de prières identique : une prière de pardon, une prière de louanges, une prière pour une action de paix, entrecoupées de chants, des chants de chacune des religions (très beaux, très bien exécutés. C’était remarquable). Côté juif, les rabbins parlaient tous hébreu. Côté musulman, les imams parlaient tous arabe. Côté chrétien : d’abord un schismatique, le patriarche de Constantinople (ça a beau être un grand copain de François, c’est un schismatique), lui parlait et priait en anglais, ensuite un cardinal africain (habillé en rouge cardinal – le rouge et le noir) qui parlait en italien, et puis une dame, une jeune femme palestinienne qui, elle, priait en arabe. Quand j’ai vu ça, je me suis dit : « Maintenant, tu en es sûr, tu es dans la bonne religion ». C’était trop beau. On voyait la fraternité qui se réalisait non pas sur l’unité, mais sur la différence respectée. Symboliquement, c’était très fort, mais derrière ce symbole, il y a à faire, à agir, à le vivre, et cela n’est pas facile.

Que pourrions-nous dire à ce sujet … compte-tenu de la situation, de l’événement, un événement à double face : la première, c’est l’encyclique « Laudato si », et la deuxième face, c’est la COP 21. Fraternité face à ces deux événements ? Eh bien, d’abord, que : « Tout est lié. » C’est une phrase qui revient une dizaine de fois dans l’encyclique du pape. Tout est lié.  Nous sommes liés à cette terre. Nous sommes cousus avec elle. Tout notre corps, cette terre, nous sommes imbibés de tout cela, si bien que nous allons pouvoir parler de notre sœur la terre. Et la prière de Saint François est là pour nous le rappeler. Donc nous avons une même source initiale, c’est Dieu qui l’a créée. Il a créé la terre et, dans cette terre, il nous fait, nous, nous dans son souffle. Il y a une sorte de solidarité fraternelle, eu égard à notre origine commune : Notre Père. Le Père en question est aussi le père de la Terre. La table de famille est fraternelle, elle nous nourrit tous. Elle nous est donnée à la fois comme une mère à respecter et comme une sœur à aimer. Et quand on lit cette encyclique, nous sommes frappés de voir ce rapport à la Création et de nous voir non pas comme étant des êtres utiles, dit l’encyclique, mais des êtres. Regardez chaque chose comme étant une pièce de la Création de Dieu. Et l’Œuvre porte la marque de l’auteur. Dans une retraite que j’animais après l’encyclique, je proposais aux retraitantes cela : partez dans la nature, avec cette conviction que la terre est notre sœur et méditez, en allant chercher la marque de Dieu dans les objets que vous allez trouver. Elles l’ont fait, c’était remarquable de simplicité, de beauté, de méditation.

Alors nous sommes appelés à une fraternité selon la règle d’une écologie humaine et globale, non pas pour se défausser du problème sur la COP 21, mais pour balayer devant notre porte, en considérant nos consommations et nos surplus. Et nos capacités de manque de fraternité et nos invitations à la joie de la fraternité.

                                                                                             Michel Dagras

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